Patriotisme technologique
Analyse
Lors de sa première tentative de conquête du marché japonais des consoles, Bill Gates connut en 2001 un cuisant échec. Sa boîte noire fut la bête noire des consommateurs nippons, qui la boudèrent en masse. Les commentateurs avaient alors souligné le manque d'adaptation au marché visé. De fait, la première manette de la console, véritable hérésie vidéoludique, était par ses dimensions, une véritable provocation.
Avec la X-Box 360, Microsoft a revu ses plans de bataille. En avril 2006, Bill Gates se rend en personne au Japon pour prêcher la bonne parole du HD-DVD. Le responsable marketing de la division japonaise, suspecté d'inefficacité, est même limogé.
Mais rien n'y fait. Les chiffres de la X-Box 360 sont aussi catastrophiques que ceux d'une console en fin de vie. En juillet, la console de Microsoft représentait moins de 1 % du marché nippon. Durant la semaine du 17 au 23 juillet, seulement 1 472 unités ont été vendues, selon le site Media Create, alors que la Playstation 2, de plus ancienne facture, se vend encore à plus de 260 000 exemplaires.
Il en va de même pour les jeux. Aucun titre exclusif sur X-Box ou X-Box 360 ne figure parmi les cinquante meilleures ventes nippones. S'agit-il là d'une fermeture obtuse du marché nippon aux produits étrangers, d'une forme unique de patriotisme économique exacerbé ?
Pour Michael Pachter, cité dans Gamasutra, comme pour une majorité d'analystes, l'argument culturel constitue une fois encore la principale explication de l'échec de Microsoft.
Si l'on en croit M. Pachter, le malentendu culturel pourrait être surmonté par un partenariat entre Microsoft et des entreprises de hardware japonaises. Ben Bajarin de Creative Strategies est quant à lui plus pragmatique, estimant que le Japonais sont tout simplement fidèles aux entreprises qui leur garantissent des emplois.