Guerre et pads

Publié le par Laurent Checola

 Analyse

Si le monde est un grand échiquier, le jeu vidéo, fraîchement consacré plateforme médiatique, en est récemment devenu le terrain privilégié. Le Global Islamic Media Front, qui entretient des liens ténus avec Al-Quaeda, vient de réaliser un first person shooter au titre évocateur : « Quest for Bush ». Téléchargeable gratuitement, le jeu permet d'incarner un combattant, qui s'aguerrit, jusqu'à l'acmée du combat final contre le Président des Etats-Unis. Le jeu vidéo est-il désormais devenu un mode comme un autre de prosélytisme et de la guerre ouverte ?


Textures grossières, gameplay rudimentaire, sont les piètres arguments qu'apporte Quest for Bush. Le jeu paraît suranné, fantasme pixélisé de feu Doom... Et pour cause : par delà sa dimension polémique, le jeu tient principalement une fonction parodique. Ce FPS n'est en réalité qu'un « mod » de Quest for Saddam, réalisé en 2003 par des Américains. L'association islamiste entend donc procéder à une riposte graduée, à un retournement des valeurs. Une telle démarche tient en réalité du degré zéro de la subversion, puisque les fonctions des personnages sont maintenues, et seules les positions changent : le héros devient l'ennemi, et réciproquement.


There's a very interesting tit-for-tat going on here, a weird kind of dialogue,

explique Ed Halter, auteur de l'ouvrage : de Sun Tzu à la Xbox, guerre et jeux vidéo et cité dans le Washington Post.

And what's disconcerting about it is that the conversation is often reduced to the lowest common denominator of violent action in games, which is in a way very reflective of the overall way things are going right now in real life.


Les Etats-Unis, maîtres du jeu en la matière, abordent pourtant depuis peu une stratégie moins frontale. Le jeu vidéo dit « sérieux », tel qu'il a été institué par America's Army est désormais un vecteur stratégique reconnu, une authentique déclinaison du soft power. Mais il ne s'agit plus de caricaturer l'ennemi. Le Monde daté du 9 octobre relate en effet une expérience originale de l'armée américaine.


De nombreux soldats américains jeunes et issus de milieux défavorisés ne se sont jamais rendus à l'étranger et on du mal à appréhender les différences culturelles. En revanche, ils pratiquent et connaissent le jeu vidéo,


explique Eric Leser, le journaliste du Monde.

Tactical Iraqi entend en effet sensibiliser les jeunes recrues aux malentendus culturels. Le logiciel mesure à la fois les formules employées par le soldat, mais aussi les postures qu'il adopte. Le but du jeu étant d'éviter tout conflit. En créant le premier jeu de gestion « psychologique », les Etats-Unis adoptent, au moins dans la sphère ludique, une posture pacifique.

Publié dans Modes

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